Situé au pied de l’Atlas, le bassin du Haouz-Mejjate couvre une superficie de 16.000 km². Il englobe la nappe phréatique du Haouz-Mejjate et la zone montagneuse qui contribue à la recharge de celle-ci. Le bassin fait partie de deux systèmes hydrauliques distincts: le système du Tensift et le système de Oum Er Rbia. Il comporte 10 sous-bassins de plus ou moins grande importance.
Le bassin se caractérise par un dynamisme économique important, grâce à des potentialités diversifiées et un nombre d’atouts considérables dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme, de l’industrie (notamment agroalimentaire) et de l’artisanat. Cette dynamique est marquée par l’existence d’un pôle urbain parmi les plus importants du Royaume, la ville de Marrakech, et également par une agriculture irriguée de grande importance, aussi bien moderne que traditionnelle.
Le développement du bassin Haouz-Mejjate est fortement influencé par les ressources en eau limitées. Le déficit y est structurel et est accentué par les changements climatiques et la sécheresse persistante. L’offre en eau de surface demeure limitée et provient d’un potentiel global de l’ordre 860 Mm³/an dont 200 Mm³/an issus du transfert via le canal de rocade. Ce potentiel est par ailleurs exposé à une succession de périodes de sécheresse avec une décroissance des apports issus des précipitations (pluie et neige), et une baisse du débit des principaux oued.
La demande, quant à elle, est croissante, en raison du développement socio-économique de la zone. Elle porte notamment sur la satisfaction des besoins en eau potable et industrielle, et en eau destinée au secteur du tourisme. Malgré les efforts entrepris en matière de reconversion en micro-irrigation, l’agriculture sollicite de plus en plus les eaux souterraines en raison de l’irrégularité des apports en eau de surface.
Dans ce contexte où les eaux de surface sont totalement mobilisées, le déficit est comblé par les eaux souterraines au-delà de leur potentiel renouvelable.
Le bilan global déficitaire du bassin engendre un déstockage la nappe Haouz-Mejjate. Ce dernier est évalué à environ 110 Mm³/an.
L’exploitation de la nappe est difficilement contrôlable et ce, malgré l’existence d’outils juridiques et institutionnels mis en place par la loi sur l’eau. Il en résulte une surexploitation de la nappe qui, de surcroît sous l’effet de la sécheresse, conduit à une baisse continue des niveaux d’eau et de la productivité de l’aquifère du Haouz-Mejjate qui menace ainsi la durabilité de cette ressource stratégique et des usages y affairant.
Ainsi si aucune mesure n’est prise, les coûts des pompages risquent d’augmenter à des niveaux pénalisant la rentabilité des exploitations agricoles. De même que l’assèchement des points d’eau risque d’avoir pour conséquence l’abandon d’activités socio-économiques (particulièrement agricoles) et la croissance du déficit de l’alimentation en eau potable des communes rurales.
Au niveau de la ville de Marrakech, l’imperméabilisation des surfaces causée par l’urbanisation présente des risques importants en matière d’inondations et de baisse de recharge de la nappe.
Du fait de l’activité socio-économique dans les bassins amont, l’envasement des retenues de barrages et la perte de volume de stockage d’eau de surface présentent un enjeu principal considérable.
Malgré un potentiel important en eau usée dépassant les 65 Mm3 en 2015, actuellement, seuls 34 Mm3 sont traitées et seuls 5 Mm3 sont réutilisées.
Partant de la situation actuelle des ressources en eau dans le Bassin Haouz-Mejjate, le scénario tendanciel explore les tendances futures jusqu’à l’horizon 2030, si aucune mesure n’est prise. Ce scénario défini le contexte future dans lequel va se mettre en place le Plan d’action de la Convention Eau.
L’approche adoptée pour l’élaboration du Plan d’action de la Convention Eau repose sur un processus participatif basé sur un travail itératif de co-construction et de validation. Ce processus a été mené par des groupes de travail thématiques et de concertation représentatifs incluant les décideurs, les planificateurs, les gestionnaires, les associations et les représentants d’usagers de l’eau. Le plan d’action a été ratifié par l’ensemble des parties prenantes lors de la Déclaration Régionale de Marrakech pour l’Eau.